
En ce temps-là, je me rappelle les avoir entendus parler des pâtés de langue de perroquets que l'on savourait comme amuse-gueule chez Vitellius et l'idée de faire de même avec la langue des bavards leur est apparue comme une belle évidence.
Ils en faisaient une mousse qu'ils étalaient avec une délectation morbide sur de fines tranches de chair grillée.
Te faire payer par là où tu as fauté : telle était l'une de leur devise.
Les coachs, les consultants, les experts ne furent pas en reste. En restes, pourtant c'est comme cela qu'ils ont fini leur vie, en restes leurs corps dépecés, corps dont ils consultaient plein de moquerie les entrailles cherchant à y lire je ne sais quel présage dérisoire.
Je me rappelle qu'ils évoquaient avec une certaine excitation les têtes qui roulaient sous la terreur et ils se mirent à chercher des têtes bien pleines, des grosses têtes, des têtes d'arrogants, les dévisser de leur socle pour jouer à leur nouveau jeu : le basket-head.
Je me rappelle qu'ils avaient les yeux pleins de furie lorsque qu'ils racontaient comment les conquistadors embrochaient les nouveaux-nés et rapidement ils se sont mis à faire de même avec les bébés des managers, des drh, des traders, des grands patrons, tout ceux qui représentaient l'ancien régime, tous ces potentats que leurs privilèges révulsaient. Quant à leurs femmes, paix à leur âme, ils les violaient passant les uns après les autres sur leur corps, les démembraient ensuite et les jetaient dans un brasier.
Ils n'inventaient rien, s'inspiraient uniquement des anciennes pratiques aussi bien celles des sociétés barbares que celles des civilisations les plus élevées.
Aux psychiatres, psychanalystes et autres professionnels de l'écoute, ils tranchaient les oreilles au motif que leur corporation collaborait activement au maintien de l'ordre social.
Aux hommes politiques, ils faisaient avaler des couleuvres, il leur faisaient boire des pots de vin au moyen d'entonnoirs jusqu'à ce qu'éclate leur panse.
Je me rappelle que cette terreur-là était aussi la mienne. J'avais été assistant social, et ils nous incluaient dans le groupe honni des traficoteurs de paix sociale. On aurait retardé d'autant leur avènement et à ce titre nous faisions partie des petits traîtres. Le sort qu'il réservait à ceux d'entre nous qu'ils saisissaient était effroyable. Ils nous appelaient les problématiques, tournant en ridicule le jargon de notre profession. Et nous les problématiques qui tapions nos évaluations sur un clavier, eh bien ils sectionnaient nos doigts et nous les enfonçaient dans l'anus en chantant dans une transe glaçante : les as, dix doigts dans le cul.
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