Où est passé ce temps où je croyais pouvoir habiter tout
l'espace de mon imaginaire, ne jamais m'y sentir à l'étroit quel que
soit le lieu qui hébergerait mon corps, sans crainte de me
retrouver dans un réduit, une cellule ou un cabanon. Temps révolu où mon esprit voguait à la recherche
d'espaces inexplorés. Je pouvais rester couché quatre jours durant
avec carnets, crayons et gomme, comme autant de sextants et de boussoles, voyager bien plus loin que
quiconque à la conquête du plus grand palindrome, des plus belles olorimes en faisant percuter consonnes, syllabes et voyelles d'un hémisphère
à l'autre à la recherche de clés qui m'ouvriraient toujours plus
de portes pour me décentrer, opérer l'expansion
de mon univers intérieur jusqu'au vertige et la dyslexie. Aujourd'hui je n'ai plus qu'une mansarde de deux mètres sur trois, une tabatière qui grince couvrant à peine le couinement des sirènes des paniers à salade qui font la navette prison de Saint-Gilles - palais de Justice à longueur de matinée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire