28.8.12

Saint-Gilles, 1987

Ah ces fantasmes enfouis, finie l'hibernation.
Et le printemps est là, que vois-tu mercenaire
elle va bientôt céder la digue des pulsions.
Le corps entier déclare la bataille des nerfs

Les joues brûlantes ainsi que les jambes fébriles
j’arpente en prédateur les trottoirs de Saint-Gilles
à la recherche de clichés pour le coucher.
Aurai-je avant ce soir un corps à retoucher ?

Rue du Montenegro, m’excitent des odeurs
puissantes de cuisine méditerranéenne
mais de mes rôles secrets, je préfère le rôdeur
qui caresse du nez les courbes des sirènes

Rue de la Perche, il faut longer le mur d’école
et capturer l’image des jeunes maghrébines
les yeux chargés de chlore et soulignés de Khôl
la démarche alanguie par une heure de piscine

Par l’avenue du Parc, rejoignant la Barrière
je n’ai pas un regard pour la porteuse d’eau
me voici au cœur d’un asile à ciel ouvert
en dépassant des grappes de traînards, de badauds

j'vois des clodos planqués pas loin de la friterie,
des fuyards de Fond-Roy égarés dans les brumes,
des vieillards titubant, des chubbies en résilles,
leur chemin tout tracé au rond-point se résume.

Chaussée de Waterloo, tu es la belle artère
qui va tambour battant jusqu’au cœur du Parvis
lorsque je te descends cette fois côté impair,
je sais que tu me dois une longue insomnie

Canettes de Gordon jonchant les piétonniers
ossements de poulets laissés sans sépulture
pain bania, pain pitta, excréments de bouviers
et traînées d’andalouse sont nos enluminures
.
Retour case départ, slalom et réverbères
j’insulte les étoiles, je maudis le tarmac
dans mon lit solitaire et sous la tabatière
je vais me soutenir, ne suis-je pas mon mac ?

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